Comprendre l’Inhibition Musculaire Arthrogène (AMI)

L’inhibition musculaire arthrogène (AMI) est un phénomène neurologique qui entrave la rééducation des articulations blessées. Elle se manifeste par une incapacité à activer volontairement les muscles entourant une articulation lésée, même en l’absence de dommages structurels directs à ces muscles. Ce mécanisme de protection du corps peut, paradoxalement, prolonger la récupération et compromettre la fonction articulaire.

Qu’est-ce que l’AMI ?

L’AMI est une réponse réflexe du système nerveux central à une lésion articulaire. Lorsqu’une articulation est blessée, des signaux nociceptifs et proprioceptifs altérés sont envoyés au cerveau, qui réagit en inhibant l’activation des muscles périarticulaires pour protéger l’articulation. Cette inhibition peut persister même après la guérison des tissus articulaires, entraînant une faiblesse musculaire, une atrophie et une instabilité articulaire.

 

Pourquoi l’AMI survient-elle ?

Après une blessure ou une chirurgie articulaire, le corps cherche à protéger l’articulation affectée. Outre la douleur et l’inflammation, le cerveau peut inhiber la contraction des muscles environnants pour limiter le mouvement et prévenir d’éventuels dommages supplémentaires. Ce processus, bien que protecteur à court terme, peut devenir problématique s’il persiste, car il empêche le renforcement musculaire nécessaire à la stabilisation de l’articulation.

Impact de l’AMI sur la rééducation

L’AMI est particulièrement fréquente chez les patients ayant subi une rupture du ligament croisé antérieur (LCA), touchant plus de 55 % d’entre eux. Elle peut entraîner une atrophie musculaire, une diminution de la force et une altération de la fonction articulaire, prolongeant ainsi le processus de rééducation. De plus, l’AMI peut créer un cercle vicieux : l’inhibition musculaire conduit à une faiblesse, qui à son tour réduit la stabilité articulaire, maintenant ainsi l’inhibition.

Identifier et traiter l’AMI

Il est crucial de détecter et de traiter l’AMI dès les premières phases de la rééducation. L’électromyographie (EMG) de surface est un outil précieux pour quantifier et visualiser l’activité musculaire, permettant d’identifier les muscles inhibés et ceux suractivés. En fournissant un retour visuel en temps réel, l’EMG aide les patients à réactiver les muscles inhibés et à améliorer le contrôle moteur.

Stratégies thérapeutiques pour surmonter l’AMI

Plusieurs approches peuvent être mises en œuvre pour traiter l’AMI :

    • Thérapie manuelle : Techniques visant à améliorer la mobilité articulaire et à réduire la douleur.

    • Exercices de renforcement musculaire : Programmes spécifiques pour réactiver les muscles inhibés.

    • Biofeedback EMG : Utilisation de l’EMG pour fournir un retour visuel et auditif, aidant à rétablir le contrôle musculaire.

    • Stimulation électrique neuromusculaire : Application de courants électriques pour stimuler les muscles et réduire l’inhibition.

Une approche combinée, adaptée aux besoins individuels du patient, est souvent la plus efficace pour surmonter l’AMI.

Conclusion

L’inhibition musculaire arthrogène est un défi majeur en rééducation, mais avec une détection précoce et des interventions appropriées, il est possible de restaurer la fonction musculaire et d’améliorer les résultats pour les patients. L’utilisation d’outils tels que l’EMG offre des perspectives prometteuses pour optimiser la rééducation et aider les patients à retrouver une fonction articulaire optimale.

Pour en savoir plus sur l’utilisation de l’EMG dans le traitement de l’AMI, n’hésitez pas à nous suivre sur nos réseaux sociaux!

Ressources et articles

 

    • Sonnery-Cottet, Bertrand & Ripoll, Thomas & Cavaignac, Etienne. (2023). Prévention des raideurs du genou après ligamentoplastie : qu’est-ce que l’arthrogenic muscle inhibition (AMI) ?. Revue de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique. 109. 10.1016/j.rcot.2023.07.003.

    • Lepley AS, Lepley LK. Mechanisms of Arthrogenic Muscle Inhibition. J Sport Rehabil. 2021 Sep 1;31(6):707-716. doi: 10.1123/jsr.2020-0479. PMID: 34470911.

    • Hopkins, J. & Ingersoll, Christopher. (2000). Arthrogenic Muscle inhibition: A Limiting Factor in Joint Rehabilitation. Journal of Sport Rehabilitation. 9. 135-159. 10.1123/jsr.9.2.135.

Retour en haut