Rééduquer une entorse de cheville : l’EMG contre l’instabilité chronique
Faire confiance à la data pour ne pas boiter demain
L’instabilité chronique, ou quand la cheville reste fragile malgré tout
L’entorse latérale de cheville est fréquente — c’est même l’une des blessures les plus rencontrées en médecine du sport avec plus de 6000 cas recensés. Pourtant, dans de nombreux cas, elle laisse des traces bien au-delà de la phase aiguë. Loin d’être banale, on estime que 40 % des patients présentent encore des symptômes au-delà de 6 mois après le traumatisme initial [1]. On parle alors d’instabilité chronique de cheville (CAI) — un terrain glissant vers la récidive, l’appréhension… et la perte de performance.
Un déficit invisible : l’inhibition musculaire des fibulaires
Derrière cette instabilité chronique se cache un phénomène souvent négligé : l’inhibition musculaire arthrogénique (AMI). Il s’agit d’un mécanisme réflexe, qui empêche certains muscles de se contracter efficacement, même en l’absence de lésion directe.
Dans le cas d’une entorse, les premiers à en pâtir sont souvent les fibulaires (ou péroniers). Ces muscles latéraux, véritables stabilisateurs en inversion, limitent les mouvements excessifs et jouent un rôle clé dans la prévention des rechutes.
Une étude récente a mis en évidence que l’activation des fibulaires reste perturbée chez de nombreux patients après une entorse [2]. Les signes cliniques de cette AMI sont souvent subtils : proprioception dégradée, fatigue musculaire rapide, mouvements moins stables, et risque de récidive en hausse. Sans outils spécifiques, ces déficits passent inaperçus, rendant la rééducation moins efficace.
Rendre visible ce qui ne l’est pas à l’œil nu
C’est ici que l’électromyographie (EMG) prend tout son sens. Grâce à cette technologie, il devient possible de visualiser en temps réel l’activité musculaire d’un patient. Et avec Myodev, cette capacité est mise entre les mains des professionnels sur le terrain, de manière simple, rapide, et intuitive.
Le principe est clair :
- Avec des capteurs sans fils, on mesure en temps réel l’activité musculaire des fibulaires sur tout type de mouvement pour quantifier les déficits d’activation
- Grâce au biofeedback visuel, les patients voient en direct l’engagement de leurs muscles, favorisant une meilleure conscience corporelle et une rééducation plus efficace.
- Grâce au suivi longitudinal, les kinésithérapeutes peuvent mesurer l’efficacité des exercices dans le temps et adapter le programme de rééducation et ceci de manière objective.
Par exemple :
- Si un fibulaire ne s’active pas correctement pendant un exercice, c’est immédiatement visible.
- En comparant l’activité controlatérale des fibulaires sur un mouvement bipodale, les compensations sautent aux yeux
- Et lorsqu’un jeu thérapeutique est lancé, le mouvement à l’écran ne se produit que si le muscle est recruté à l’intensité demandée.
La contraction musculaire devient un signal. Le signal devient un retour visuel. Et ce retour permet à chacun d’ajuster, comprendre et progresser.
Objectiver, personnaliser, motiver
Plusieurs études confirment l’intérêt de cibler l’activation des fibulaires pour améliorer la stabilité post-entorse. Mais encore faut-il pouvoir vérifier que ces muscles s’activent vraiment [3].
L’EMG, utilisé de façon interactive avec Myodev, offre une triple valeur :
- Objectiver les bilans dès les premières séances.
- Personnaliser les exercices en fonction du profil de chaque patient.
- Motiver grâce au retour visuel immédiat et aux mini-jeux intégrés.
C’est un outil qui favorise l’autonomie du patient tout en renforçant la précision de la prise en charge. Un allié pour le quotidien du kiné, et un levier d’implication pour les patients, qu’ils soient sédentaires ou sportifs.
Reprendre appui, vraiment
La stabilité articulaire n’est pas une sensation. C’est une réalité biomécanique qui se construit, se teste, se mesure.
Myodev n’a pas vocation à poser un diagnostic. Sa mission, c’est d’offrir un cadre fiable pour prendre les bonnes décisions, au bon moment. Aider à détecter les inhibitions, à valider les progrès, à sécuriser le retour au sport — en s’appuyant sur des données concrètes.
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L’occasion d’échanger avec ceux qui font évoluer les pratiques, de partager notre approche du biofeedback, et de montrer comment la technologie peut s’intégrer simplement dans le quotidien des professionnels de terrain.
Sources
[1] Évaluation multidimensionnelle post-entorse latérale de cheville, Pierre-Yves Froideval, Brice Picot KS Magazine – Accès
[2] Dong, S., Liu, Y., Liu, Z. et al. Can Arthrogenic Muscle Inhibition Exist in Peroneal Muscles Among People with Chronic Ankle Instability? A Cross-sectional Study. Sports Med – Open 10, 35 (2024). https://doi.org/10.1186/s40798-024-00710-y
[3] Borreani S, Calatayud J, Martin J, Colado JC, Tella V, Behm D. Exercise intensity progression for exercises performed on unstable and stable platforms based on ankle muscle activation. Gait Posture. 2014;39(1):404-9. doi: 10.1016/j.gaitpost.2013.08.006. Epub 2013 Aug 18. PMID: 23999147.